La guerre, objet de paix ou de désordre ???
3 ème partie : L'utilisation
Alix TENROC : « Nous
avons vu que la fabrication des armes et leurs ventes avaient une importance
majeure pour des pays en recherche d’investissements, de profits ainsi qu’en
terme d’emplois. Si nous reprenons la phrase latine : « « Si vis
pacem, para bellum » qui se traduit « Qui veut la paix prépare la
guerre », nous pouvons constater que vu le marché fleurissant de
l’armement, beaucoup de pays se préparent à la guerre »
Alix TENROC : «Mais
nous avons un contraste entre les populations européennes et leurs
gouvernements : D’un côté, les populations des sociétés européennes, qui
en sont venues à considérer que la guerre représentait l’échec absolu et la
négation de la diplomatie. De l’autre, leurs dirigeants, pour qui la guerre n’est
qu’un prolongement de la politique par d’autres moyens. »
Alix TENROC : « Mais force
est de constater que la guerre a une fâcheuse tendance à échapper aux plans les
mieux préparés et que dans le temps, aucune n’a apporté de situations
immédiates ou à moyens termes de paix, de stabilité ou de démocratie sur ces 30
dernières années : Afghanistan, Irak, Balkans et CentreAfrique »
Alix TENROC :
« Les crises répétées apportent des lots de solutions de plus en plus
techniques et la volonté pour les sociétés occidentales qui envoient leurs
militaires au zéro mort. Hormis des technique comme les russes ont fait
pour prendre la Crimée à l’Ukraine, jouant sur l’incapacité du Monde occidental
à pouvoir jouer aux gendarmes du monde »
Alix TENROC : « Force est de
constater que des conflits qui durent dans le temps impactent les pays qui
l’a font que ce soit pays belligérants, sous mandat de l’ONU, pays envahis,
pays de la coalition … Prenons l’exemple des Etats Unis …»
Alix TENROC :
« Après douze ans de guerre en Afghanistan et 10 ans de guerre d'Irak, les
troupes américaines sont épuisées, rapporte un expert. Pour pallier aux
problèmes d'effectif, l'état major américain a allongé les périodes de séjour
des soldats. On est passé de douze mois - ce qui est déjà très long - à quinze
mois. Dans les armées française et britannique, les séjours durent six mois,
alors que le temps considéré comme optimum par les spécialistes devrait être de
quatre mois. Selon eux, il ne faudrait pas dépasser trois missions sur le
terrain. »
Alix TENROC :
« Face aux difficultés de recrutement, le Pentagone a aussi assoupli le
seuil de tolérance vis-à-vis des nouveaux engagés. Des candidats ayant des antécédents
judiciaires, qui auraient été refusés il y a quelques années, sont maintenant
acceptés, explique l'expert: "On fait même face à la présence de gangs
dans certaines bases en Afghanistan. Il y a eu des cas d'enlèvements, de
racket, d'agressions sexuelles". »
Alix TENROC :
« Il est a noté aussi que le taux de chômage chez les vétérans est très
supérieur à celui du reste de la population américaine. Une partie de ces
jeunes, qui ne parviennent pas à se réinsérer dans la société, finissent
souvent par se réengager dans l'armée. Le taux de survie des soldats, cependant,
s'est considérablement amélioré dans les guerres récentes puisque "90% des
blessés survivent (contre 50% lors de la guerre du Vietnam et un tiers lors de
la Seconde Guerre mondiale)". »
Alix TENROC :
« Mais à quel le prix ? Sur le plan physique, beaucoup de
militaires sont bi ou tri amputés. Et sur le plan psychique, le bilan est
terrible. Le taux de maladies mentales a presque doublé depuis l'envoi des
troupes en Irak et en Afghanistan. (Rapport public publié dans le Los Angeles
Times). Plus de 20% des soldats de retour d'Irak ou d'Afghanistan
souffrent de syndromes post-traumatiques (Etude de la Rand Corporation en 2008)
mais seulement la moitié d'entre eux ont cherché à se faire
soigner. Conséquence indirecte, on observe une hausse des violences domestiques
et de la surmortalité des enfants de vétérans. »
Alix TENROC : « Le
traumatisme de la guerre est une bombe à retardement et ses conséquences
peuvent apparaître plusieurs années plus tard. Aux Etats-Unis, un suicidé sur
cinq est un vétéran. Même dans des guerres moins "traumatisantes", le
phénomène des suicides de vétérans est avéré. Pendant la guerre des Malouines,
en 1982, les combats, qui ont duré trois semaines, ont fait 258 morts parmi les
soldats britanniques, mais 260 vétérans se sont suicidés (BBC en 2002) »
Alix TENROC :
« Maintenant, parlons en terme économique : une guerre coûte cher et
peut interagir sur un pays qui l’a faite durant des décennies : le coût de
la guerre d’Irak et d’Afghanistan a été évalué à près de 2.000 milliards de
dollars sur les 10 dernières années. Et il faut additionner les 40 ans à venir
avec le poids des intérêts d’emprunts qui ont été contracté pour faire cette
guerre et les pensions des anciens combattants soit 6.000 milliards de dollars
d’ici à 2053. »
Alix TENROC :
« Une des conséquences de ces choix budgétaires faits durant les guerres
en Irak et en Afghanistan est que les USA devront à l’avenir limiter leurs
frais de personnel, de diplomatie, de recherche et développement et réfléchir
aux tactiques utilisées durant ces guerres. Pour exemple l’année la plus
couteuse pour les dépenses d’invalidité consécutives à la première guerre
mondiale a été l’année 1969 quand les anciens combattants ont vieilli et ont eu
besoin de davantage de soins médicaux. (tiré du Monde du 29/03/13)»
Alix TENROC : « Quand
les Etats-Unis ont ouvert les hostilités contre Saddam Hussein, le prix du
pétrole n’atteignait pas 25 dollars le baril. Mais avec la guerre, les
cours ont commencé à s’envoler, et en 2008 le baril valait 140 dollars. La
guerre d’Irak et son impact sur le Moyen-Orient ont joué un rôle majeur. Non
seulement la production irakienne a été stoppée, mais l’instabilité provoquée
par la guerre a fait chuter les investissements dans la région. »
Alix TENROC : « La
crise financière mondiale est elle aussi due, en partie, à la guerre. Avec la
hausse des cours pétroliers, les Etats-Unis ont dû dépenser davantage pour
s’approvisionner à l’étranger et c’est autant d’argent qui n’a pas été investi
dans le pays.»
Alix TENROC : « Le
relâchement de la politique monétaire et de la réglementation financière a
permis à l’économie de fonctionner jusqu’à l’éclatement de la bulle immobilière
qui a provoqué son effondrement. La guerre en Irak n’a pas seulement contribué
à la gravité de la crise financière, elle nous a aussi empêchés d’y répondre
efficacement. Du fait de son endettement, l’Etat a eu beaucoup moins de marge
de manœuvre que s’il n’avait pas été engagé dans un conflit. Résultat : la
récession sera plus longue, la production plus faible, le chômage plus
important et les déficits plus élevés (tiré de Courrier international Article
du Washington Post du 09/09/10.) »
Alix TENROC : « Un autre
impact qu’économique et que psychologique est l’interaction entre les
pays : Maintenant qu’il est acté que les américains et les forces de
l’OTAN quitte l’Afghanistan, la Russie semble aussi contrariée par le départ
des forces occidentales d’Afghanistan prévu pour 2014 qu’elle avait été
mécontente de leur présence. En effet, le défi gigantesque que
constituent les flux d’héroïne afghane se déversant sur la Russie, représentent
la menace sécuritaire la plus directe pour Moscou. »
Alix TENROC :
« Cette évolution résulte en partie d’un accroissement sans précédent de
la production d’opium dans l’Afghanistan post- taliban, notamment depuis 2004.
La culture du pavot a atteint son pic historique en 2007, avec une surface
cultivée 25 fois supérieure à celle de 2001 (197000 hectares) »
Alix TENROC :
« Pour Washington, les problèmes principaux liés à l’Afghanistan sont le
terrorisme et l’insurrection. La drogue apparaît comme une question secondaire,
qui ne représente un intérêt qu’en tant que source de financement des insurgés.
La faiblesse de la lutte antidrogue menée par les Occidentaux en Afghanistan
s’explique par la priorité accordée aux opérations sécuritaires et de
contre-insurrection. En outre, l’opium afghan ne représente pas une menace directe
pour les États-Unis, et seulement une menace réduite pour les autres membres de
l’OTAN et de l’Union européenne. »
Alix TENROC : « En
effet, une éradication massive n’était pas envisageable en Afghanistan et
pouvait se révéler politiquement contreproductive. Une telle approche risquait
de susciter des troubles sociaux et provoquer l’hostilité des paysans des zones
de culture du pavot. Une interdiction à grande échelle aurait aussi pu aliéner
des seigneurs de guerre ou des clans liés au gouvernement dont la bienveillance
ou la neutralité était acquise. »
Alix TENROC : « Quand
aux résultats de l’Afghanistan ? Qu’en est il ? les buts de la
présence de l’OTAN étaient : Chasser les terroristes du pays qui
asservissaient les afghans, puis reconstruire, démocratiser et développer
économiquement l’Afghanistan. Les talibans sont toujours là et exercent dans de
nombreuses régions du pays leurs influences. Même à Kaboul, les forces
militaires sortent rarement de leur zone bunkerisé. L’avenir du pays est
incertain. »
Alix TENROC :
« Face à ces enjeux, on comprend que toutes les guerres peuvent révéler
des situations multipolaires alors qu’au début elles n’avaient qu’un seul
but clair : le retour à la paix….. Comment les pays vont réagir face
à tous ces bouleversements ? Nous le verrons dans le dernier
reportage : "Les futures guerres"»
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